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Histoire de la Via Ferrata

La première génération de Via Ferrata débute en Autriche en 1843 avec la pose des premiers équipements sur la voie normale du Hocher Daschein. En 1869, c'est au tour du Stüdli, sur l'arête reliant les deux sommets faciles du Grossglockner, le plus haut sommet de l'Autriche.

En Italie, les premières "vie ferrate" sont apparues dans le massif des Dolomites vers 1914 et ont une origine stratégique. Les militaires italiens avaient, en effet, équipé d'immenses parois de câbles et d'échelles pour faciliter le déplacement de leurs troupes alpines ainsi que du matériel (parfois même des canons !)

Devenues militairement inutiles, ces voies italiennes sont maintenant exploitées et entretenues par les communes (et surtout par des bénévoles) à des fins touristiques. Les clubs alpins locaux en ont aussi développées d'autres, mais, à ce sujet, nous laissons la parole à notre ami Pierre C. dans un morceau choisi de son article  "Excursions dans les Dolomites" :

Le deuxième intérêt des Dolomites est l'installation par les clubs alpins d'un matériel qui permet de parcourir en toute sécurité des parois qui ne paraissaient accessibles qu'aux purs alpinistes. Ces sentiers peuvent être des sentiers de randonnées, simplement panoramiques, accessibles de 7 à 77 ans, sans le moindre matériel, pour les amoureux de la marche et de la montagne. Sur certains sentiers, l'existence de petits ou de grands ravins a fait installer une main courante sécurisante. Parfois une petite échelle, ou un simple échelon, permettra de surmonter un bloc ou une pente un peu raide. Lorsque ces équipements existent avec une certaine densité, il est coutume de parler de voie "équipées" ou "via attrezzata", que nous prononçons plus facilement "via ferrata".

A côté de ces randonnées existe un type de circuit essentiellement caractérisé par des équipements métalliques qui en constitue l'attrait essentiel, sportif, permettant de surmonter des parois infranchissables en apparence ou donnant une assurance confortable pour se risquer sur des vires vertigineuses. Ces voies sont plus ou moins difficiles mais jamais réellement à la limite du possible pour un sportif entraîné et confiant. Un vrai varappeur passerait d'ailleurs rapidement dans ces voies en dédaignant tout cet attirail artificiel….."

 

1980: Arrivée en France

En France, ces parcours sportifs et ludiques sont apparus dans le sud (Hautes-Alpes) vers 1989. Depuis, le phénomène a pris beaucoup d'ampleur et on peut maintenant dire qu'il s'agit non plus seulement d'itinéraire de montagne mais bien d'itinéraire rocheux sécurisé par un câble avec, dans les passages raides, des marches métalliques permettant normalement une progression aisée. Mais les parcours, les moyens techniques employés, et surtout le but dans lequel les Via Ferrata actuelles sont créées font qu'elles n'ont plus beaucoup de points communs avec les premières VF des Dolomites.

Par exemple, les câbles de ces via ne servent, en théorie, qu'à t'assurer puisque les prises naturelles de la roche sont là. Ils ne devraient donc servir que rarement à la progression sauf quand l'escalade naturelle devient trop difficile voire impossible or, en pratique, on constate qu'il en va tout autrement.

 

Evolutions dans les années 90

Afin de divesifier l'offre touristique durant les mois "hors neige", les stations ont rivalisé d'ingéniosité pour réaliser des parcours de différents niveaux pour attirer une clientèle sportive, ou familiale.

D'énormes différences existent entre les via ferrata des années 90 et début 2000 par rapport aux versions de la première guerre mondiale. Par exemple, certains parcours ont une débauche invraisemblable de câbles, d'échelons métalliques, de tubulures et de ferraille diverses tel celui de Pontamafrey. D'autres possèdent plusieurs parties différentes, une facile et une plus délicate (falaise de la Balme), d'autres encore sont bêtement une succession d'échelles de bas en haut (Vénosc). Certaines, par contre, atteignent presque la perfection comme celle de La Chal. Ces différences sont dues soit à la volonté des communes, soit aux différents équipeurs ou aux matériaux utilisés. Bien évidemment, je ne parle ici que du point de vue technique sans tenir compte de la situation parfois exceptionnelle de certains sites.

Du côté technique, Salewa innove avec un mousqueton "via ferrata" breveté et des longues proposant un système de freinage et d'amortissage. Les accidents mortels deviennent de plus en plus rares.  Prisme est l'entreprise qui réalise le plus de via ferrata notamment en France et en Suisse.

 

Années 2010

La compléxité et l'ingéniosité s'installent dans les via ferrata. Il ne s'agit plus de marches bien ajustées ou de petits ponts. La technologie et des budgets plus importants permettent la réalisation de filets, de passerelles toujours plus longues avec des tyroliennes vertigineuses dans des montées de plus en plus difficiles qui offrent des sensations de plus en plus extrêmes dans des endroits majestueux.  A l'inverse, d'autres stations proposent d'alléger aux maximum le matériel installé dans la montagne et réalisent des via qui offrent un contact avec le rocher (via des rochers de Naye) pour se rapprocher de l'escalade.

Au Canada, les premières via ferrata rivalisent de débauche de compléxité (tyrolienne, câbles, ponts, etc) dont le but est de pouvoir encaissé des montants assez astronomiques (souvent injustifiés) comme dans les parcs d'attraction. Il faut compter entre 50 et 100 $ pour tenter l'expérience.

Le matériel suit la même progression avec des équipements de plus en plus complet et confortable. La libéralisation du brevet des mousquetons de la marque "Salewa" permet d'ouvrir une nouvelle génération de mousquetons bien plus agréables à manipuler et pour toutes les tailles de mains.

Du côté des utlisateurs, les nouvelles caméras mignatures permettent de filmer des exploits et de partager leurs émotions.  La via devient un partage.

 

Années 2020

Deux tendances s'opposent: un retour vers la légèreté avec le contact du rocher dans un style escalade et nature.

De l'autre, la compléxité avec des ponts toujours plus longs, des dévers toujours plus prononcés (Via ferrata Saillon avec deux objectifs: faire parler pour attirer du monde ou justifier la création de parcs payants. Bien que ce dernier modèle soit utilisé en Asie, en Amérique du nord, les via ferrata payantes resteront minoritaires en Europe.

Du côté du matériel, les systèmes de sécurité (moufflage, tractage) vont se simplifier pour permettre la sortie des via ferratistes en difficulté. L'ergonomie des mousquetons vont évoluer, tout comme l'allègement du matériel, dans l'espoir que l'effet Killian Jornet ne vienne pas envahir la pratique sûre et respectueuse de la via ferrata.

 Avec la Collaboration de Philippe L., Gérard Papandréou, Laurent Horvath

 

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